CINQUIEME PARTIE


CHAPITRE PREMIER
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QUELQUES OBSERVATIONS PRELIMINAIRES.

Les phénomènes médianimiques, dont nous avons parlé dans le chapitre consacré au spiritisme, demandent à être étudiés spécialement, car ils dénotent qu'il existe des états particuliers de l'organisme qui sont demeurés inconnus jusqu'ici aux physiologistes et aux philosophes. Un médium, avons-nous dit, est un être doué du pouvoir d'entrer en communication avec les esprits ; il doit donc posséder dans sa constitution physique quelque chose qui le distingue des autres personnes, puisque tout le monde n'est pas apte à servir ainsi d'intermédiaire aux esprits désincarnés. De plus, l'esprit agissant sur le médium emploie certains procédés qu'il serait intéressant de connaître, car si nous concevons fort bien comment un homme peut faire sentir physiquement son influence sur un autre, il n'en est plus de même lorsque nous examinons de quelle manière peut s'opérer l'action spirituelle sur un incarné.

La question est complexe, et pour la résoudre, il faudrait une profonde connaissance de l'être humain, non seulement au point de vue physiologique, mais encore et surtout au point de vue périsprital, car cet agent joue un rôle considérable dans tous les phénomènes de la médiumnité. Il serait nécessaire aussi de mieux connaître la nature des enveloppes semi-matérielles des esprits. On le comprendra facilement, nous ne pouvons, dans ces recherches, raisonner que par analogie. Nous n'avons pas encore pu faire d'expériences directes sur le fluide périsprital, qui échappe par sa nature à tous nos instruments, si parfaits qu'ils soient. Nous répéterons ici ce qui a été dit déjà, c'est que nous n'avons pas la prétention de les expliquer scientifiquement ; notre but est plus modeste : nous voulons simplement nous borner à présenter des analogies, à émettre des théories qui permettront de comprendre comment les phénomènes peuvent se produire. C'est une tentative ayant pour but de faire entrer les faits spirites dans les lois naturelles et de montrer qu'on les a considérés à tort comme des dérogations aux principes immuables qui dirigent la nature.

C'est l'interprétation mauvaise qu'on a faite des manifestations spirites qui en a écarté les penseurs ; ils ont cru qu'on voulait rénover les superstitions les plus absurdes et ils se sont élevés avec raison contre ce qu'ils taxaient de folies. Mais en leur montrant que nous pouvons expliquer logiquement les faits par des hypothèses déduites des conceptions scientifiques modernes, nous leur ouvrons les yeux sur un ordre de faits qu'ils ignoraient, et par cela même nous attirons l'attention des hommes sérieux sur un domaine inexploré et fécond en merveilleuses découvertes. C'est donc faire un pas en avant dans la propagation de nos croyances, que d'expliquer la médiumnité par une théorie qui ne choque en rien les idées reçues dans le monde savant.

Nous ne pouvons songer à donner les relations numériques qui lient les différents phénomènes de la médiumnité : nul doute cependant qu'il n'en existe et l'on arrivera plus ou moins vite à les découvrir suivant l'exactitude des méthodes qu'on emploiera. Nous avons déjà vu Crookes construire des appareils de mesure très sensibles pour apprécier l'influence de cette force, qui, ainsi que le constate le rapport de la Société dialectique, s'exerce à distance du foyer dont elle émane et sans aucun conducteur visible.

C'est en suivant un ordre d'idée parallèle à celui-ci, que MM. Helmholtz et de Donders sont parvenus à calculer le temps physiologique de la vision, c'est-à-dire la durée qui sépare le moment où une sensation lumineuse frappe l'oeil de celui où elle est perçue par le cerveau. Ces expériences très simples forment les éléments fondamentaux de toute activité intellectuelle, car on y voit en jeu la sensation, la perception, la réflexion et la volonté. Les déductions les plus compliquées d'un philosophe spéculatif sont constituées par un enchaînement de phénomènes aussi simples que ceux qui ont fait le sujet des recherches dont nous parlons. Ces mesures fournissent donc les éléments d'une nouvelle science du mécanisme dynamique de la pensée, mais qui ne sera féconde qu'autant qu'elle saura discerner les faits qui sont dus simplement à l'action du cerveau de ceux qui ont l'âme comme mobile.

Suivant son degré de complexité, chaque science s'approche plus ou moins de la précision mathématique à laquelle elle doit arriver tôt ou tard, et ceci est si vrai que l'idée d'appliquer le calcul aux phénomènes vitaux n'est pas nouvelle. On sait que, pour les sensations de lumière et de fatigue, des recherches ont été entreprises par Euler, Herbart, Bernouilli, Laplace, Buffon et certains travaux furent faits dans cette direction par Arago, Pogson et surtout Masson, pour les sensations visuelles. Mais le premier qui élargit le cercle des investigations et prépara un travail d'ensemble fut Weber qui formula une loi qui porte son nom, et de laquelle il résulte que : pour faire croître la sensation d'une quantité constante, appelée le plus petit accroissement perceptible, c'est-à-dire pour faire croître la sensation en progression arithmétique, il faut faire croître l'excitation en progression géométrique. De là, cette formule, que la sensation croît comme le logarithme de l'excitation, car les nombres qui sont en progression géométrique ont des logarithmes qui croissent en progression arithmétique1.

Fechner a la gloire d'avoir coordonné les travaux contemporains et de les avoir complétés par ses propres recherches. Cette partie de la physique physiologique a pris le nom de psychophysique, et dernièrement le professeur Delboeuf, de l'Université de Liège, a publié un volume où la loi de Weber est modifiée d'après de récentes expériences.

C'est dans cet ordre d'idée que nous devons pousser le spiritisme. Il est nécessaire, maintenant que l'existence de la force psychique est incontestable, de mesurer son action sur l'homme et celle qu'elle peut exercer à distance. La philosophie grandiose des Esprits est assise sur les bases de la plus rigoureuse logique, il nous faut donc étudier les lois physiques qui rendront nos expériences irréfutables. Il existe malheureusement parmi les médiums les plus déplorables préjugés. Les uns se figurent qu'ils sont investis d'une sorte de sacerdoce qui doit les placer au-dessus de leurs contemporains, et ils considèrent comme attentatoire à leur dignité toute mesure ayant pour but de contrôler leur pouvoir. Les autres, ajoutons qu'ils sont peu nombreux, considèrent la médiumnité comme une faculté qui leur permet de gagner facilement leur vie et s'établissent médiums, comme ils se feraient charcutiers ou boulangers.

Il est à désirer que les spirites sérieux réagissent contre ces tendances qui sont contraires aux instructions des Esprits et qu'Allan Kardec réprouvait énergiquement. La Fontaine l'a dit : mieux vaut un franc ennemi qu'un maladroit ami. C'est surtout en spiritisme que ceci est vrai. Il s'est formé une classe de fanatiques qui veulent exclure toute mesure préventive ayant pour but de se mettre en garde contre une supercherie possible. Ils considèrent les investigateurs sérieux comme des faux frères, et, pour un peu, ils leur feraient un mauvais parti. Ces pauvres gens ne comprennent pas qu'il est d'intérêt capital que la moindre suspicion ne puisse se produire : sans cela, adieu les convictions que l'on veut faire naître. Avec leur zèle maladroit, ils font plus de mal à la doctrine que les détracteurs les plus acharnés. Ce n'est pas en France seulement que ceci a lieu, c'est aussi en Angleterre. Voici ce que dit à ce propos, dans le Banner of light, M. Hudson Tuttle, sous le titre : Le Sacerdoce des Médiums.

«Le Banner dans son numéro du 26 février 1876, contient un article signé T. R. H., qui tend aux conclusions les plus erronées. Le pis, c'est que ce monsieur dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il a été cent fois répété que les phénomènes spirituels avaient pour but de convaincre les incrédules. Pour convaincre, il faut que les phénomènes puissent se produire et qu'on en ait la preuve, sans troubler les lois qui président à leur manifestation. Or, l'auteur de l'article précité, à l'encontre de toute science dit :

«Le jour n'est pas éloigné, j'espère, où les médiums auront, en général, une indépendance suffisante pour dénier à tous le droit d'exiger une preuve quelconque, quant à leurs pouvoirs divers.»

«C'est la première fois que nous voyons attribuer aux médiums un pouvoir trop sacré pour admettre la contradiction. Où cela nous mènera-t-il ? Au CULTE des médiums. Doit-on, comme chez les anciens lévites, créer une classe spéciale qui se mettra au-dessus des lois régissant la généralité des hommes, et devons-nous, les yeux fermés, accepter tout ce qu'il leur plaira d'appeler spirituel ? Mais le pape se fait pygmée à côté du colosse que l'on veut ainsi ériger au-dessus du jugement de tous. Mettre un bandeau aux yeux de la raison et faire des spectateurs des marionnettes dont le médium tirerait les fils, serait vouloir la fin du spiritisme à bref délai.

«Nous osons avancer que les épreuves strictement scientifiques, imposées par le professeur Crookes et la rectitude de ses observations ont plus fait pour impressionner le monde savant que toutes les lettres de louanges d'un nombre quelconque de chercheurs ordinaires. Il n'y a pas de spirites qui ne parlent avec un légitime orgueil des investigations du célèbre professeur.

«J'ai quelque peu étudié les phénomènes spirituels et personne ne m'accusera de chercher systématiquement de faire du tort à la cause qui m'a pris les meilleurs moments de ma vie, ni de vouloir imposer des conditions contraires au fluide spirituel. C'est parce que j'aime le spiritualisme que je voudrais le voir dépouillé de tout mensonge, affranchi de toute accusation de fausseté.

«Le professeur Crookes, comme chacun sait, a placé une cage autour des instruments de musique, qui jouèrent néanmoins des airs ; ce fait prouve suffisamment que le pouvoir spirituel peut agir à travers ces cages. Pourquoi, dès lors, ne pas placer toujours une cage pareille autour des instruments ? Pourquoi laisser un prétexte à ceux qu'il faut convaincre ? Et pourquoi, surtout, qualifier de faux frère celui qui propose des mesures de contrôle aussi sûres ?

«Lorsqu'un médium se dérobe à une épreuve que ma propre expérience, alliée à celle des autres, sait ne faire aucun tort aux manifestations, je m'empresse de mettre un terme à toute espèce d'entretien avec lui.

«J'avoue ne pas comprendre pourquoi l'honnête médium résisterait à certaines conditions d'épreuves qu'on veut lui imposer. A coup sûr, rien ne saurait lui être plus important que la complète élucidation de la cause qu'il défend ; la cause ne peut qu'y gagner et il doit tenir à honneur de placer toute observation sur un terrain absolu. Et alors même qu'on aura contrôlé une fois les manifestations d'un médium, ce n'est pas une raison pour que d'autres manifestations soient admises comme vraies, si les mêmes précautions de contrôle n'ont pas été observées.»

Voilà qui est parler d'or, et nous souhaitons que tous les spirites pensent de même. Il faut nous placer en face des préjugés de notre temps, qui n'est que trop enclin à nous prendre pour des hallucinés, et laisser aux sceptiques toute facilité de se convaincre, en ne leur faisant voir que des phénomènes absolument irréfutables. A ces conditions, nous ferons des adeptes ; si l'on ne s'y soumet pas, à quoi bon la propagande ?

Nous devons dire que la grande majorité des spirites pense comme nous, et que ces réflexions ne visent qu'un groupe restreint d'esprits arriérés, qui craindraient de porter un coup mortel à la doctrine en dévoilant une supercherie. Nous devons, au contraire, être plus rigoureux que qui que ce soit, et c'est parce que les phénomènes existent qu'il faut surveiller avec soin les charlatans qui tenteraient de les imiter.

La médiumnité s'offre à nous dans des conditions tellement probantes, que le doute n'est pas permis pour quiconque veut sérieusement étudier, mais si le chercheur a la malchance de rencontrer au début de ses investigations un imposteur, il en conclut faussement que le spiritisme n'est qu'une nouvelle méthode d'exploitation. Nous ne devons donner prise aux critiques, à aucun point de vue ; c'est pourquoi Allan Kardec a toujours prêché le contrôle le plus absolu. Ceci dit, revenons à la médiumnité et à son étude.

A propos de la tentative d'explication scientifique que nous présentons, on ne manquera pas de nous faire observer que nous n'appuyons nos démonstrations que sur des hypothèses et que, dès lors, elles ne peuvent suffire à déterminer la conviction chez les incrédules. Nous répondrons que le terrain sur lequel nous nous engageons n'a pas été encore reconnu et que force nous est d'avoir recours aux hypothèses ; mais nous aurons soin de les faire telles qu'aucune expérience ne vienne nous démentir. C'est à ces conditions seulement qu'une théorie est acceptable.

Nous nous conformons d'ailleurs à l'usage des savants qui en sont réduits aux systèmes pour expliquer les phénomènes les plus simples de la nature, ceux qui se passent sous leurs yeux et dont ils peuvent à volonté varier les conditions de production. Il ne faut pas oublier, en effet, que les recueils de physique ou de chimie ne donnent que des rapports entre les différentes substances sans faire connaître la nature intime de ces corps. On parle sans cesse de la matière sans pouvoir définir exactement quelle est sa véritable constitution. La force est un protée aux formes multiples dont l'essence intime est encore un mystère. Enfin nous constatons des corrélations ou des différences entre un certain nombre de faits, et de là nous concluons à des lois, mais sans connaître ni la vraie nature des corps sur lesquels elles s'exercent, ni ce que sont ces lois elles-mêmes.

L'étude des sciences est, en général, très longue, car il faut amonceler un grand nombre d'observations, avant de découvrir les relations qui les lient entre elles, c'est-à-dire avant de remarquer les lois qui les régissent ; mais l'étude des faits spirites est compliquée par une autre raison. Il ne faut pas oublier que nous sommes ici sur un terrain différent de celui des sciences purement matérielles. Dans ces dernières, on peut intervertir les conditions expérimentales, car les matières sur lesquelles on opère étant inertes, les résultats ne changent pas, tant que les circonstances restent les mêmes. Il n'en est pas ainsi dans l'étude du spiritisme, il faut toujours faire la part des individualités qui interviennent dans la manifestation ; cette influence est très variable et la plupart du temps indépendante de notre volonté. C'est encore une difficulté qui vient s'ajouter à celles que nous avons déjà énumérées.

Si ardue que soit notre tâche, il faut l'entreprendre, car c'est par l'étude que nous arriverons à la connaissance d'états de la matière que nous sommes loin de soupçonner à présent. Les esprits nous enseignaient, il y a trente ans, l'unité de la matière, et le monde scientifique était peu porté à adopter cette idée, aujourd'hui elle est devenue générale : ceci nous est d'un bon augure pour le périsprit qui, nous l'espérons, sera bientôt reconnu comme une des parties essentielles de l'homme.

Nous avons vu que l'état d'esprit est tout autre que celui d'incarné ; il a dans cette vie nouvelle des sensations qu'il ne ressentait pas avec son corps ; il voit la nature sous un aspect différent, et ses sens plus perfectionnés, plus délicats, sont capables d'être influencés par des vibrations plus subtiles que celles qui agissent sur nous d'ordinaire. La sensibilité est développée chez l'esprit par la nature fluidique de son enveloppe, qui possède une constitution moléculaire très raréfiée, mais néanmoins une forme déterminée. Ceci est dû à l'âme, qui est un centre de forces jouant le même rôle vis-à-vis de son corps, que l'axe des tourbillons de fumée dans l'expérience de Helmholtz. La comparaison est exacte, car nous constatons que l'esprit peut, à volonté, prendre la forme qui lui convient. Il faut donc admettre que la cause de l'agrégation périspritale réside dans l'esprit agissant sans cesse par la volonté.

Les propriétés du périsprit sont parfaitement explicables, d'après ce que nous avons étudié précédemment. L'enveloppe de l'âme est invisible parce que son mouvement vibratoire moléculaire est trop rapide pour que ses ondulations soient perceptibles pour l'oeil ; mais, si par un moyen quelconque, on diminue ce mouvement, l'être devient visible, non seulement pour un médium, mais pour tous les assistants.

A l'état normal l'esprit peut se déplacer dans notre atmosphère et à la surface du globe, sans que rien puisse entraver sa marche ; sa nature lui permet de traverser notre matière grossière, comme la lumière passe à travers les corps diaphanes ; en un mot, il peut aller partout, sans rencontrer d'obstacle matériel.

Suivant le degré d'avancement de l'esprit, les fluides qui composent son enveloppe sont plus ou moins purs, et leur action est augmentée ou diminuée, en raison de leur état plus ou moins radiant. Il est évident que les fluides grossiers, matériels, qui se rapprochent des gaz terrestres, sont moins aptes aux opérations de la vie spirituelle que ceux des esprits supérieurs, qui sont en quelque sorte quintessenciés. L'influence du moral sur le physique est plus vraie encore dans l'espace que sur la terre.

Ici-bas nous pouvons vicier notre enveloppe au point qu'elle devienne impropre aux fonctions de la vie ; de même les passions mauvaises, en fixant dans le périsprit, des fluides grossiers, nuisent à l'avancement de l'âme et, par conséquent, à son état de bien-être.

Ce que nous disons s'applique à tous les esprits indistinctement, de sorte que le monde spirituel est en tout point comparable au nôtre, mais la hiérarchie s'établit sur une seule base : celle de l'avancement moral.

Supposons maintenant qu'un esprit veuille se communiquer, et cherchons à comprendre les phénomènes successifs qui vont se dérouler. Il peut se présenter deux alternatives : ou l'esprit sait se communiquer ou il ne sait pas. S'il est dans le premier cas et que ses intentions soient bonnes, un esprit plus instruit le dirige et lui montre la manière de s'y prendre ; si, au contraire, c'est pour faire le mal, la plupart du temps il ne peut l'accomplir, car il ne rencontre aucun esprit un peu supérieur qui veuille l'aider dans cette besogne.

L'esprit sachant se communiquer est encore obligé de chercher un médium, c'est-à-dire un être humain dont la constitution soit telle, qu'il puisse céder une partie de son fluide vital. Lorsque l'esprit l'a trouvé, voici comment il opère : Par sa volonté l'esprit projette un rayon fluidique sur le périsprit du médium ; il le pénètre de son fluide, établissant ainsi une communication directe entre lui et l'incarné. C'est au moyen de ce cordon que le fluide vital de l'homme est attiré par l'esprit. Ce double courant fluidique peut être comparé aux phénomènes d'endosmose, c'est-à-dire à l'échange qui se produit entre deux liquides de densités différentes, à travers une membrane. Ici les liquides sont remplacés par des fluides et la membrane par le corps.

Une fois la communication établie, l'esprit peut agir sur le médium en produisant des effets divers qui se traduisent par la vision, l'audition, l'écriture, la typtologie, etc. Ce sont ces différentes manifestations que nous allons étudier en détail dans les chapitres suivants.

En somme, on voit qu'il faut pas mal de circonstances réunies pour obtenir une communication, c'est pourquoi l'on ne doit pas s'étonner des insuccès qui accompagnent presque toujours les premières tentatives. Voici quelles sont les conditions indispensables.

1° Il faut que l'esprit évoqué puisse ou veuille se rendre à l'appel de l'évocateur ; 2° une évocation sincère faite dans le but de s'instruire et non de s'amuser ou d'en profiter matériellement ; 3° que l'esprit appelé soit animé, lui aussi, du désir de faire le bien ; 4° qu'il sache comment s'y prendre pour se manifester ; 5° qu'il trouve un médium apte à rendre sa pensée ou à lui fournir les fluides nécessaires, qui varient suivant le genre des manifestations à obtenir ; 6° enfin qu'aucune action extérieure ne contrarie l'esprit dans ses manipulations. Ceci surtout est très important, car c'est un véritable magnétisme spirituel qui s'opère, et l'on sait combien, dans les actions magnétiques, les volontés étrangères peuvent nuire à la réussite du phénomène. Nous ne parlerons pas de l'état de santé du médium, des influences exercées par les agents physiques : lumière, chaleur, électricité, etc., car nous ignorons de quelle manière ils agissent, mais ils n'en ont pas moins une influence très grande qu'il sera utile, dans l'avenir, de déterminer avec précision.

Comme on le voit, il faut un concours de circonstances favorables pour se mettre en rapport avec le monde spirituel, et les échecs nombreux auxquels on s'expose en n'observant pas ces prescriptions montrent que le phénomène est loin d'être livré au hasard et doit être étudié avec beaucoup de méthode, si l'on veut en découvrir les lois. Ce n'est donc pas en faisant du spiritisme à la fin d'un dîner, après boire, que l'on se trouve dans les conditions requises, et il ne faut pas s'étonner si les esprits refusent de se manifester quand on veut les exhiber comme des bêtes curieuses, en guise de dessert, à ses invités.


1 Ce qui se formule en termes algébriques de cette manière :
S = K log E
K étant une constante